Vendée Raid 2019 (85) : I know what you did last summer

Chose promise, chose due. L’édition précédente nous avait laissé des images plein les yeux et collé plein de souvenirs dans la tête, et tel un amour de vacances, on s’était  juré-craché-fouetté avec Captain Manu, de revenir cet été et de retenter l’aventure humaine comme celle qui  unit  les hommes huilés de sueur  sur les plateformes pétrolières.

Particularité de cette édition : l’orga et la Vendée se sont vues attribuées la finale nationale des raids multisports mais qu’à cela ne tienne, une formule open au score, la seule, l’originale, la vraie est maintenue… Celle-ci, elle est pour nous. La même passion mais pas le même sport.

Un dernier adieu à nos enfants, une dernière nuit d’insomnie dans la raid-ox mobile  avant un dernier repas face au coucher de soleil de St Hilaire bercé par Jean-Mi et ses musicos  qui sont venus impudents dézinguer les standards de rock dans le rade d’à côté à coup de riffs improbables… Angus Young is dead.

Au menu des festivités pour nos petits corps trop fragiles : 450 balises réparties sur 250km trop long partagées en 31 sections sanctionnées par des portes horaires trop courtes… Un bip tous les 500m…  Un rythme infernal qui commence dès l’embarquement samedi matin  de tous les concurrents dans le  bus  de l’angoisse direction le front de mer des Sables d’Olonne avec une 1ère épreuve  karaoke blind test  où s’enchaînent Jackie Quartz, Thierry Pastor et autre  Richard Cocciante…  Y’a pas à dire le vendéen sait recevoir… On tente surtout  de contrer la pression comme on peut à l’approche de la mass start natation où beaucoup d’interrogations subsistent.

Départ  en décalé des binômes qui se rejoindront après un petit costering et une CO mise en jambe près du lac de Tanchet.

Qui qui c’est qui commence ? Qui a  le buffet  propice à la baston dans la lessiveuse ? Facile ? … Sans hésitation et à l’unanimité, c’est bibi qui s’y colle. La main en sifflet et vers l extérieur…. L’obtention du brevet de 50m en poche dans la semaine et l’investissement dans une  bouée canard n’ont pas été vains.

C’est parti pour 26h de sport.

11h00… Le chrono est lancé…Ou presque… 150m après la sortie du sas… Les cristaux de ma toquante  sont littéralement liquides et se confondent avec des alevins… Augure d’une journée à poisse ? Tu sens déjà que la lecture du road book sans montre ne va pas être des plus simple.

1er enfourchage de VTT et on s’en tient au  programme avec la moitié des boîtiers et du parcours ratissés… Soit une petite dizaine de km… Ne pas faire les  gourmands… Y a encore du chemin.

Parc à vélo et petite mémo à grandes enjambées tant qu’y en a pour rejoindre la véritable 1ère CO du raid  dans la pinède… Résultat mitigé… La mire du maître boussolier n’est pas encore réglée… Pas grave…. On se retrouve au tas de sable en file indienne  sur l’estuaire du Payré  pour un tour à pied azimuté… Manu adore…Ca lui rappelle l’entraînement à l’ES Bonchamp et ses levées de genoux. 15 nouveaux points dans l’escarcelle.

Réenfourcharge rapide des 2 roues pour se précipiter vers un suivi de 6km sans complexité particulière… Mais la  1ère  barrière horaire arrive vite… Pas le temps d’acheter du terrain…

Et comme dirait maman : “T’inquiète, ça va passer, ça doit passer” et ça passe.

13h55. On est large… 5min de rab… Le château de Richard Cœur de Lion nous a attendu pour une CO relais en ordre imposé au cœur de Talmont St Hilaire… Petite cité de caractère où il fait bon se ravitailler…  Pas assez, nous démontrera la suite du combat (spoil).

Jusqu’ici tout va bien.

Rebiclou d’une dizaine de km à travers parcs, jardins et lac de Finfarine qui me voit être éjecter de ma monture dans un track single à la con… Chute à l’arrière, chute à l’arrière… Pas de  casse ni pour l’homme, ni pour la machine…  Nouvel augure ? Show must go on.

Section 10 – CO en cuvette de 3-4 km… Le  pisteur  n’est toujours pas chaud… On traverse la carte en longeant un cours d’eau sans en toucher une… On a fait la même à l’édition 2017 mais à 4h du mat… Y’avait excuse  mais là… La balise 8 salutaire  et  une équipe croisées par hasard nous  permettent de nous recaler et de limiter les dégâts… Pas suffisamment pour éviter le  hors délai pour le trail dans la butte d’en face… Dommage… Il avait l’air bien technique… Redommage… Y’a plus qu à se jeter sur le gros morceau de la journée : 25km de VTT sans crever (raté) enchaînés de 9 bornes de canoë sans crever (encore raté)…

On comprend mieux pourquoi la Préfecture nous avait mis en garde contre les pathos des eaux stagnantes car on se retrouve à naviguer… Enfin… A patauger et à tirer le  bateau à contre-courant sur la moitié du parcours…

Manu commence à ronchonner… «Dis donc René ?! T’arrêtes de gueuler»… Certainement pour échapper à son courroux, il me vient l’idée de  simuler un malaise… Je simule tellement bien (ex-footeux oblige) que je me retrouve allongé à demi-mort pendant 20 bonnes minutes dans le lit de la rivière… Même les autres concurrents qui nous dépassent sont bluffés par la performance… Actors Studio, le gars… “Force et honneur” tente de me glisser à l’oreille David des Rage Dealers mais là… La cabane est tombée sur le chien… L’abandon n’est pas loin… Manu pense à m’abattre et se voit déjà passé tranquillou bilou le dimanche à la plage… «Ou tu sors ou j’te sors » … Secours or not secours ?… «Non !!!!!» … Le cri de la mogette promise en fin de raid et quelques pâtes de fruits  me sortent de ma torpeur… Et tel le phoenix ou plutôt le petit poulet qui renaît de ses cendres, on y retourne au mastic … Enfin on y retourne doucement… Faut bien sortir de ce truc… Il ne reste que… 3km… Manu prend en charge le piano et moi les pagaies… Équitable ?… Non ? Mais la vie est injuste… En tout cas, il est fort ce Manu… On peut partir à la guerre avec lui.

Et comme dirait maman : “T’inquiète, ça va rentrer, ça doit rentrer” et ça rentre.

Nouvelle porte horaire franchie en gruppetto à moins de 4 min du gong à la Roche sur Yon… Petit CO relais sur la place Napoléon (autre petit poulet) et gros gros gros ravito.

La journée s’avance et les loupiottes  sont de sortie comme les grosses jambes… 22 bornes de bicyclette et 6 de CAP… «Manu!! On va au plus court ?!!!»… On oublie les fanions extérieurs et on réussi à se loger dans la roue d’une équipe France pour faire le tour du lac de Moulin-Papon (2 grands résistants, non ?)… Et ça enquille… Remake du train de l US Postal de la  grande époque afin de nous permettre de ramasser quelques balisettes sur la CO de ????  Certainement une autre cité de caractère.

Recoup de speed racer vélo pour atteindre le village étape de Poirée sur Vie et sa CO mémo de nuit… Les troubles cognitifs  au bout de 120 bornes au compteur se font ressentir mais on prend tout.

0h30… Fin de la journée 1 à rebondissements.

4h de pose obligatoire à répartir entre l’alimentation qui ne passe pas, la douche en chaussettes  de contention et  le sommeil avec  l’odeur musquée  des participants… Après avoir longuement hésité avec les brancards de la  sécurité civile, la pelouse sera le refuge de Manu.

On me dit dans l’oreillette que le résumé est déjà trop long… Tans pis.

J2… 4h30 ou plutôt 4h50… Petit-déj de communiant paisible  perturbé par David le rageux, toujours lui, en train de rameuter ses coéquipières perdues ou planquées au réfectoire… Il est chaud le David de bon matin…

Sorte de clairon qui nous rappelle que la fin de la récré a sonné  et qu’on est attendu sur le pas de tir  afin  de repartir en petites foulées et en petits développements.

Histoire de s’échauffer… 15 km de run and bike qui verra naître l’astuce du mois (surnommée :  la tenaille) qui consiste à prendre la même balise pour l’un en vélo par le bas de la patate et pour l’autre à pied par le haut… Tout le monde s’en fout mais nous, on en est content.

S’enchaînent ensuite avec succès des portes horaires et les sections de 21 à 29 qui  oscillent entre le trail’o casse-patte (monter-descendre-remonter-redescendre… «Ooooohhh… Il va falloir faire un choix à un moment… Ça va pas être possible autrement… On va rester sur la cime, alors»), des  tronçons de vélo en mode traversée de rivière-champ  tape-cul-portage , un second  run and bike (y’en a jamais assez) autour du château d’Apremont encore une cité de caractère où l’un d’entre nous n’a pas vu la couleur du vélo (« Qui est-ce ?  Il a une moustache ? Un chapeau ? Des lunettes ?), un coup de canoë plein cagnard (si je connaissais le con qui nous a fait sauter tous ces ponts), un  fléché allemand (qu’est ce que je disais… Ça nous aurait été utile une montre pour prendre les distances) et une VTT’o sableuse qui finit par nous faire échouer sur la plage de Sion à St Hilaire… On était là hier, c’est con d’avoir fait ce détour.

Mais comme dirait maman : “Ca devrait être bon, ça va être bon” et c’est bon.

16h25… 5min avant le fil. Pas le temps de s’apitoyer,  il reste 1h et une dernière CO à 30 points en forêt domaniale accolée aux dunes…

Ca marche plus que ça ne court…. Allez !! 20 balises encore dans la besace… ” Manu, on bâche”…. “Ca va, j’te dis » … «Oh là, MEUsieur a ses humeurs»… Une dernière en suivi et en azimut avant de franchir la ligne.

Y’a plus beaucoup d’essence dans le moteur.

Mais comme dirait maman :”Ca devrait le faire, ça va le faire” et ça le fait.

Un tour d’honneur de 700m pour profiter des bains de foule de la plage et de  l’océan…YES !!!… On revient de loin, de très loin.

17h20… Mission accomplie et pour la 2ème fois consécutive… FINISHERS en 18ème position pour 307 balises capturées… 210km parcourus… 2 montres HS… Et plus de 40 cartes décortiquées… Impec pour la nouvelle tapisserie de Manu.

Cela valait bien une accolade et quelques larmes…

On retrouve tous nos partenaires d’infortune avec la mine creusée mais le sourire aux lèvres parées pour la Marseillaise (on est quand même au championnat de France) et pour le dégommage de mogettes-bières tant attendu.

On refait le match tout en énumérant nos blessures de guerre…«Manu ? C’est pas une morsure de ragondin au niveau du fessier ?!!»… Mais il est déjà temps de revenir au Mans sous les bits (ce n’est pas sale) de  Cassius (RIP) aux risques et péril  des blabla-car d’un soir sans avoir fait, auparavant, les VRP de service pour le Raid-Ox Terra du 31 Août prochain (Raid-Ox represents) et sans oublier  une halte au distributeur de triple pontage du coin… J’ai nommé le Mac Burger King Quick… car LE GRAS, C’EST LA VIE… A votre avis ? Pourquoi on fait du sport ?

Une bonne nuit nous attend, faite de nouvelles images pleins les yeux et de nouveaux souvenirs pleins la tête déjà tournée vers l’édition 2021 pour faire honneur à une orga et des bénévoles HORS DU COMMUN qui nous le rendent bien.

Merci au cop de supporters  et une spéciale  à l’équipe 107 qui a su trouver les mots pour nous motiver dans le tour bus.

NB : Aucune blague sexiste ou de mauvais gôut utilisée n’a été maltraitée