Flying Avent’hure 2017 (79)

On the road again !!!

N’ayant pas reçu de courrier de licenciement de la part de Captain Manu cet hiver, on prend donc les mêmes et on recommence pour une nouvelle étape du challenge national en mode «grosse testasse, nous ont fait des raids à trois chiffres » qui nous emmène à Romans, au nord-est de Niort (amis de la boussole vous saurez trouver).

Forts de notre expérience au minuit-midi de Lavaré (même pas mal) de la saison dernière et littéralement galvanisés par notre 8ème place au raid du Roussard qui a ouvert les hostilités cette année (Bon… Manu préfère dire qu’on est 5ème car 4 équipes à la queuleuleu sur le boîtier final, ça fait 5ème), on décide de remettre le bleu Raid-Ox de chauffe et de se mélanger avec prétention aux grosses écuries du grand ouest … On a toujours la même passion mais on ne fait toujours pas le même sport.

A peine arrivés sur le site d’accueil que nous ne reverrons que 100km plus tard, tous les regards de la foule se portent sur nous, les fans commencent à s’agglutiner autour de la Raid-Ox mobile, les femmes s’évanouissent à la simple vue de nos corps d’athlète, les concurrents déjà dans la place nous acclament, une haie d’honneur se forme… NON, je déconne… On sert juste la louche aux 3 autres équipes sarthoises qui ont osées faire le déplacement et on prend notre sac participant dans le plus strict anonymat. Mais toujours rêver d’être une rock star.

On finit de se préparer… Chaussures de VTT ou pas… Je les prends… Je les prends pas… Non mais je vais les prendre… Et puis, non, je les prends pas… La question plonge Manu dans un profond désarroi existentiel… Trop tard… Il est demandé à la meute de s’avancer sur le pas de tir.

Je ne sais pas si le monde se divise en 2 catégories mais sur la ligne de départ, on distingue 2 camps : à gauche, les mecs aux mâchoires serrées, aux torses bombés, aux mollets fuselés, prêts à en découdre avec leurs adversaires du jour (ça marche aussi dans la version féminine mais on en reparlera plus tard) PAR CONTRE, toujours dans le respect de l’autre, dans la convivialité et la bonne humeur … On n’est pas des triathlètes, non plus (je sais, c’est gratuit) et à droite, bah… Y’a nous… En train de se demander à quelle sauce va-t-on être mangé et pour quelle galère a-t-on signé.

Trêve de plaisanterie… On n’est pas là pour acheter du terrain… On a de la route à faire… 3… 2 … 1… C’est parti… Pour un trail de 4km … Histoire, comme d’hab, de s’échauffer et d’étirer la masse… Et pour échauffer, ça échauffe… Et pour étirer, ça étire… 4’30 au km de moyenne pour se retrouver dans le ventre mou du peloton… Autant dire que ça gambade devant.

La chasse à la balise est lancée à la remise de la 1ère carte de VTT’O… Des groupétos se constituent… Les options sont restreintes… Ca file… Ca trace… Le rythme est déjà bien soutenu… Personne ne veut être dans la charrette d’entrée de jeu… Et la journée risque d’être longue sous un soleil déjà omniprésent.

Fin de section avec un périmètre entièrement ratissé et 1er ravito de bienvenue enchaîné par une CO touché-coulé… Sorte de bataille navale grandeur nature à travers une bourgade représentée par une photo aérienne quadrillée où un poste nous entraîne vers un autre poste via sa définition… Je sais pas si c’est clair… C’est pas grave, fallait être là.

On quitte le bled dont le nom m’échappe… La lucidité est le maître-mot en raid… Pour 18km d’une nouvelle VTT’O IGN… Et là… A l’approche de la 1ère balise, un doux sifflement vient caresser mon oreille… Est-ce les cigales, est-ce Micheline Dax (vieille blague d’un autre temps), est-ce le vent qui s’engouffre dans mes cheveux… NON ?… ET MERDE, j’ai crevé … Arrêt au stand et 10 min de perdue… Le podium vient de s’envoler. 😉

On repart avec les charmantes filles des Petites Suisses Normandes qui seront moins charmantes quand l’une d’elle décidera de mettre la misère sur un ènième aller-retour… Ma fierté masculine vacille… «Manu !!??? Les prochains va-et-vient sont pour toi !»… A l’exception d’une balise excentrée, toute la map vélo est nettoyée en plus de la p’tite CO azimutée qui est venue interrompre notre progression en 2 roues.

Parc à cyclo… Nouveau ravito … Il fait bon à pédalo (je sais, rime pourrie)… Stop temps… Pour le tir à l’arc… Manu des bois sort les flèches de son carquois et nous dézingue 2 chevreuils… 10 min de bonus, c’est toujours ça de pris… Le shérif de Nottingham n’a qu’à bien se tenir et en plus le collant vert lui va si bien.

Le chrono redémarre… Distribution de 2 cartes IOF… Le binôme doit être séparé… Pendant que l’un fait un petit tour de bicyclette, l’autre s’enfonce dans la pampa pour une CO… Y’a de la courbe de niveau dans les 2 cas… Le choix est cornélien… Finalement, je pars d’un pas assuré dans les broussailles tel un chat tentant de traverser les yeux bandés l’autoroute… En quittant Manu, il me semble l’avoir vu déposer un cierge.

Mon sens pratique (du moutonage) sur les 3 premières balises m’aide beaucoup… Quand tout a coup, au milieu de la jungle, certainement touché par la grâce de la sainte patronne des raideurs, la lecture de carte devient une seconde nature… La forêt me parle… Je suis en communion avec elle (un poil too much, non ?)… Et après 1h de célibat forcé, je retrouve le visage de ma moitié, marqué par l’incrédibilité, la surprise, la stupéfaction quand je lui annonce que j’ai tout ramassé…  Je vois que la confiance règne… Manu avait commencé à appeler le PC sécurité.

S’en suit une CO photo très ludique (Nico !?? Idée à piquer pour prochaine orga !) entrelacée par 2 courts Run and Bike mémo.

Fin de la boucle et on reprend nos fidèles destriers… On fonce vers la prochaine étape… Le moral est bon… Les organismes ne sont pas encore trop entamés… Mais ça, c’était avant… Avant de descendre ou de monter… Je ne sais plus… Vers l’Antre de la Bête… CO de 3 km en ordre imposé réalisée en…1h… Autant dire que c’est pas très roulant dans cette énorme cuvette au fond duquel coule un ruisseau… «Manu ?!! On fait une pose ? On est bien dans l’eau !!!»…. Ce n’est plus une CO mais de la varappe… «Casque obligatoire !» avait crié l’orga… On a compris pourquoi après … Quand je pense que ma femme s’est plainte quand elle a accouché sans anesthésie.

Revenus de l’enfer de Dante… Ravito à l’arrache dans les chiottes publiques… Direction l’Allemagne et son fléché pour 6 km de VTT… Arrivés sur la section de canoë toujours avec les bras de ma sœur mais qui étaient accompagnés cette fois-ci de mes épaules de serpent… Course au score… 10 fanions à décrocher en 1h… «C’est jouable » demande Manu dubitatif… «Les meilleurs en ont bipé 9» répond le mec qui distribue les pagaies le sourire en coin… Ca tombe bien… Le radeau : c’est notre point fort… Au final, on est dans la moyenne avec 6 balises dans l’escarcelle… Et avec 7 min de rab’ sur une retenue d’eau assez venteuse.

Re-mémo pour rejoindre tyrolienne et tir à la carabine… «Manu ! Fais-toi plaisir ! Pendant ce temps-là, je te ramène l’ours en peluche de la fête foraine»… Et tel un catcheur s’élançant du haut de la 3ème corde, notre vengeur casqué se voit flirter avec les cailloux 30m en contrebas du barrage… «Un condor !!!» diront certains… Mais qu’importe l’animal… Quelques minutes de bonus sont décrochées…

Nouveau gros ravito… On aura passer notre journée à bouffer et à picoler… On profite du stop temps pour réparer le pneu avant de Manu… 2ème crevaison… Sabotage, acte malveillant, jalousie, poisse … Je ne saurais vous dire.

On commence à être attaqué… Enfin… Je commence à être attaqué… Allez ! Plus que 30 bornes… Les 8 premiers sont sans accro pour rejoindre la dernière CO à St Maixent L’Ecole (militaire)… Petite précision qui a son importance quand on évitera de justesse le tir sans somation d’un sniper en passant à vélo plein badin sur la place d’armes de l’école militaire… Oups !… C’était zone interdite… Désolé… Ils sont un peu à cran, les gars en kaki, en ce moment, je ne sais pas pourquoi.

Sur cette CO urbaine, notre couple est une nouvelle fois confronté à une séparation… 1 carte chacun… 2 parcours différents … Et c’est ti-par… Pour le jardinage sur l’un des poste… Quand je vous dis que la lucidité est le maître-mot.

Dernière ligne droite… On est dans les temps… Ca sent bon la fin… Plus que 20 bornes… Manu me prévient que ça va un petit piquer sur la fin du tracé… Information qui me reviendra en pleine tête à 5 km de l’arrivée en totale perdition sur 2 patates consécutives… Portage dans les escaliers de la petite cité de caractère (il manquait plus que ça)… Puis on rejoint les basques d’Issy Absolu… J’ai rien contre les barbus en sueur mais la présence de la gente féminine me rassure… OU PAS… 2ème boite de la journée par une équipe féminine… Mon égo de mâle est parti sur le porte-bagages des demoiselles… La nuit vient de tomber… L’homme aussi … Enorme coup de bambou… Il ne reste que 2 balises à aller chercher… Je veux bâcher… Manu m’encourage sur les pentes de l’agonie et me carotte sur les distances restantes à parcourir… LE SALAUD… Le son de sa voix est de plus en plus lointain … Je suis à coté du vélo ou le vélo est à coté de moi, je ne sais plus qui emmène qui… Mon co-équipier se propose de prendre cette satanée machine sur son dos tout en remontant le sien entre ses dents … Mon regard est admiratif dans mon œil si vide… C’est pompeux, ce paragraphe, non ? … Il faut vraiment que j’arrête de lire du Marc Levy.

Mais, ca y est… On y est… Les lumières de Romans sont là…Et après 12h d’effort soit 2h avant la barrière horaire, on passe sous l’arche d’arrivée gonflable dont je ne manque pas d’arracher l’alimentation… ET RE-MERDEEEE !! Les jambes ne se lèvent plus bien haut… Vite ! Séance de cryothérapie hydro-massant pour régénérer les muscles… En un mot : Direction la douche glaciale au jet approximatif du stade municipal avant un repas bien mérité…

Classement : 35ème sur 70… Contrat de première moitié de tableau pile poil rempli par rapport à un plateau extrêmement relevé mais à la fin, c’est toujours les West’Orient qui gagnent… Même pour 12s… Cela en devient presque anecdotique… Bon… On est juste à 3h30 d’eux…

MERCI à l’orga et aux bénévoles sans faille… Mention spéciale sur la multiplicité des différents supports de carte.

MERCI aux Willy’s d’Azimut 72 et à leur GPS capricieux pour le Blabla Car de retour.

MERCI pour tous les encouragements des Raid-Oxeurs et pour les précieux conseils de Papa Germain… «T’inquiète pas, je te ramène ton râteau !»

MERCI à la belle-famille de Manu de nous avoir accueilli la veille au soir.

MERCI à la Raid-Ox mobile flashée à 120km/h sur une route limitée à 130 ??!!!

ET UN ENORME MERCI A MANU pour m’avoir (r)amené de CETTE AVENTURE HUMAINE.. Je verserai certainement une larme à l’évocation de ce souvenir auprès de mes petits-enfants au coin de la cheminée dans quelques années.

Gui.

NB : Quand je pense qu’on retrouvera quasiment les mêmes gus au mois Juin pour le Vendée Raid O’Score mais pour potentiellement le double de km… AAAAAAAAAAAAHHHH !!!!!!!! En attendant le Raid des Bomberos dans 3 semaines.